Afin de devenir un chien adulte serein, bien dans ses pattes, il est primordial qu'un travail appliqué soit mis en place par l'humain du chiot et, au préalable, par son éleveur.
La découverte d'environnements variés, de sources de sons variées, d'odeurs, d'objets, d'animaux, sont des éléments primordiaux au bon développement du chien en devenir. Ce travail de construction d'un environnement sécurisant commence par la sélection d'une mère stable, équilibrée, sereine, plutôt calme et très patiente, mais à la fois ferme et constante dans ses attentes. Pour cela, il est primordial que celle-ci soit déjà adulte, et bien mâture au moment de la saillie. En effet, le développement du chiot démarre in-utéro, et une mère stressée ou trop jeune et immature, risque de donner la vie à des chiots plus émotifs et anxieux. L'excrétion de cortisol de la mère passera chez les chiots lors de la gestation, il est donc primordial que la chienne soit déjà bien dans ses pattes et sereine lors de la gestation, et inconcevable pour nous, de ce fait, de faire reproduire une chienne immature, qui n'est pas encore sortie de sa période de régression (qui s'étend de 12 à 20 mois en moyenne) ou qui se comporte encore trop comme un chiot. En effet, il faut que la mère se comporte en adulte pour être en mesure d'inculquer le plus de bons comportements possibles à ses petits.
Nos chiots grandissent à la maison, avec un accès au jardin quotidien, favorisant l'apprentissage de la propreté dès le plus jeune âge. Ils évoluent dans la famille, au sein de la meute, avec les chiennes et les chats de la maison. Dans leurs premières semaines sont pratiquées, lors de leurs phases d'éveil, les techniques d'Early Neurological Stimulation, et l'éveil aux sens du goût et de l'odorat par la proposition de différents parfums et contact précoce avec des surfaces variées. Plus tard, ils sont tous les jours, dans la maison, confrontés au bruit de la feuille de boucher qui découpe les os pour eux, au blender à légumes, à l'aspirateur, au bruit du nettoyeur vapeur, du pulseur, des casseroles qui tombent (qu'est ce que les humains sont maladroits quand il y a des chiots à la maison ! :p ), des portes qui claquent, mais aussi des CD de bruits (camions, feux d'artifices, avions etc...) et des musiques les plus variées possibles (dans la limite de l'audible pour l'humaine :p). Mais surtout, ils sont habitués, dès le plus jeune âge, au calme. Ces interventions sonores sont brèves et ne perturbent jamais leurs périodes de repos : avoir un bon sommeil est primordial pour encrer les apprentissages et permettre une bonne croissance. C'est également important pour que les petits soient capables de se poser, aussi, dans l'Argoät, le sommeil des petits loups est sacré, et nul n'a le droit de réveiller bébé chien qui dort !
Afin d'en faire de bons petits chiens de famille, nous nous efforçons de leur apporter les activités d'exploration calme, masticatoires, de léchage, de recherche, suffisantes en évitant de stimuler les petits dans des jeux d'excitation qui pourraient encrer chez eux les séquences de patrons moteurs de la prédation. Si le comportement se présente, il sera comblé par redirection sur une activité de substitution (mordiller un jouet), s'il ne se présente pas, il ne sera pas allumé.
Très régulièrement, ils sont emmenés en voiture, en "charrette", dans des lieux variés, en campagne pour entendre le bruit des tracteurs, des oiseaux, des animaux de la ferme, et en apprendre les odeurs, en forêt pour explorer et découvrir les parfums des plantes et des animaux sauvages, du lichen et de l'humus, au bord de l'eau pour en découvrir les bienfaits rafraîchissants. Au village, au départ, pour entendre les bruits des voitures, le vrombissement des moteurs, puis ils sont emmenés de manière brève en ville, progressivement de plus en plus longtemps, pour en percevoir les sons, les odeurs, et s'y familiariser. Ces découvertes se font toujours sous le regard bienveillant et rassurant d'une chienne de la meute, afin que les chiots se calquent sur l'adulte sécurisante et apprennent que la ville, les bruits, les moteurs, c'est ok.
Alimentation
Le premier aliment que les bébés de l'Argoät consomment est bien évidemment le lait de leur mère. Progressivement, ils ont accès à des bouillies faites maison à base de viandes, d'os charnus et d'abats biologiques d'animaux élevées localement, de poisson marin (congelés pendant deux semaines), d'huiles de poisson, de courge, de germe de blé, de mix de légumes riches en vitamines et minéraux, et de bon lait de chèvres de notre ferme préférée, le Champ des Cabris, des chèvres élevées avec leurs petits dans les prés, nourries de fourrages et d'herbe qu'elles broutent, à l'ancienne. Leur alimentation est déjà complète, passée à la feuille de boucher puis au hachoir à viande manuel (ça fait les biceps de tatie Sarah !). Je préfère prendre ce temps afin d'être certaine de la composition et de la richesse de la ration de mes chiots, pour une bonne croissance.
Progressivement, la quantité de lait est diminuée, et sont introduits des aliments solides, des os charnus de poulet et de lapin, précassés à la feuille de boucher ou entiers, leur permettant de soulager la désagréable pousse de leurs petites dents. Cela permet également de combler l'important besoin masticatoire des petits ! Les chats sont ravis et partagent le repas avec les petits, en chipant quelques restes abandonnés par ces jolies petites têtes rousses. Nous prenons à coeur à ce que les petits aient toujours "trop" à manger, afin qu'il "en reste" toujours dans la gamelle (ou, plus généralement, un peu éparpillé partout dans le coin de repas) afin de ne pas faire de la nourriture une ressource rare qu'il faudrait protéger, et donc une source de conflit. A la suite du repas, on fait ses besoins et hop, au dodo, pendant que maman et les taties s'occupent de la vaisselle !
C'est également à cette période que la mère, ainsi que, parfois, d'autres chiennes de la meute (Eltänin notamment), commencent à régurgiter une partie de leur repas aux chiots. On n'oublie donc pas d'augmenter leurs rations en conséquences ! À cette période, le boucher nous adore ! :p
Lorsqu'ils quittent l'élevage, les petits sont capables sans souci de découper les os de poulet avec leurs petites mâchoires musclées. Leur sont fournis tout au long de leur prime enfance des peaux de cerf, trachée de boeuf, sabots fourrés, Kongs fourrés et autres aliments à mastiquer, lécher, afin de combler à la fois leurs besoins alimentaires et le soulagement de leurs petites dents sensibles. Ils ont accès, comme les adultes, à des os de veau à grignoter sous surveillance et en petite quantité, le cartilage de l'os étant une excellente source de chondroïtine.
Les petits qui partiront au cru quittent la maison pour rejoindre leur famille avec une semaine de rations de BARF. Les petits qui partent aux croquettes sont passés à l'alimentation sèche une à deux semaines avant leur départ de l'élevage, mais reçoivent toujours un aliment humide et vivant dans chaque ration afin que les enzymes du vivant aident à la digestion de la croquette.
Socialisation
L'altdeutscher schäferhund peut être un merveilleux chien de famille, mais pour qu'il le soit, un travail d'éveil et de socialisation des chiots lors de leur période d'imprégnation* est absolument nécessaire, afin de faciliter celle que leur offrira leur nouvelle famille. Ce travail devra absolument être prolongé une fois le chiot dans sa nouvelle famille. Les bases données à l'élevage sont les fondations d'une vie que l'adoptant peut décider de prendre pour base ou détruire en fonction de ses choix. Pour ne pas faire les mauvais, nous vous recommandons vivement de vous faire accompagner la première année par un professionnel compétent, recommandé par La Team Cap Dog (en savoir plus). L'élevage reste à votre disposition tout au long de la vie du chiot afin de répondre à vos questions et vous conseiller au mieux dans l'évolution de votre petit loup d'Argoät.
Développement social intra et interspécifique
Nous prenons très à coeur le tempérament de berger de nos chiens. Idéalement, un berger doit pouvoir vivre au milieu d'espèces "proies" sans les blesser ou chercher à les chasser. C'est pourquoi, à l'élevage, les chiots ont au cours de leurs premières semaines contact avec les animaux de la famille : Leur maman, les autres chiennes de la meute et les chats de la maison. Puis, petit à petit, ils sont mis en contact avec d'autres animaux domestiques (poules, chevaux etc...) ainsi que des chiens de races différentes à la leur (molossoïdes, spitz etc...) afin qu'ils apprennent à les comprendre.
Ils seront également, dès leurs premières semaines de vie, en contact avec des personnes variées, jeunes, plus âgées, et des enfants, toujours dans le respect de leur communication, afin que l'amalgame pour l'espèce "humain" soit effectué et que cette expérience soit positive. Il n'est pas questions de ne pas tenir compte de leurs signaux de communication visant à témoigner leur inconfort, car c'est le respect de cet inconfort qui, respecté, donnera un chiot sécure avec l'humain. Les expériences vécues doivent systématiquement être positives pour que l'imprégnation soit bien faite. Il n'est donc pas question de forcer le contact, de contraindre, de considérer le chiot comme une peluche.
Le contact avec différents chiens adultes bien codés est essentiel pour le bon développement du chiot. C'est par le biais de ces rencontres et ces contacts qu'il apprend à "parler chien", pour cela, les chiots vivent en meute dès que leur mère le permet à sa portée.
Le contact avec d'autres chiots est également intéressant, mais il est surtout nécessaire que le chiot puisse rencontrer des chiens adultes bien dans leurs têtes qui sauront leur inculquer, sous la surveillance bienveillante des humains, les bons codes de communication, et la bonne attitude à adopter face à un congénère. Ce sont les adultes qui inculqueront aux chiots les signaux de fin de jeu, qui leur permettront de ne pas devenir, plus tard, des chiens harcelants, incapables de s'arrêter.
Quelques rencontres de qualité vaudront toujours mieux qu'un grand nombre de rencontres moyennes.
Le véto, ce grand copain pour toute la vie !
Outre la socialisation à l'humain, l'apprentissage bienveillant des soins est quelque chose de très important pour le développement des chiots, c'est pourquoi nous appliquons des procédés de medical training, toujours dans le consentement du chiot, afin de l'habituer et lui apprendre dès le plus jeune âge des gestes simples : regarder les oreilles, les pattes, toucher les différentes parties du corps. Là encore, la formation du futur maître aux signaux de communication du chien est primordiale, afin que le petit devienne un chien qui ne sera pas compliqué à soigner.
Tout au long des premières semaines, les petits sont vermifugés régulièrement. Avant leur
départ de l'élevage ils reçoivent également un traitement anti-puces et tiques, interne, et adapté à leur petit poids, afin de les protéger des maladies liées à la piqûre de ces parasites. Ces
soins sont également prodigués par le biais de méthodes coopératives.
Afin de parfaire la socialisation aux soins, nos petits rencontrent le vétérinaire plusieurs fois dans leur début de vie. Une première fois en cas de besoins de soin ostéopathiques peu de temps après la naissance en cas de mise bas compliquée. S'il n'y a pas eu de soucis à la mise bas, la première rencontre avec le vétérinaire se fait au moment du premier check-up / vaccination et pose de la puce d'identification à 9 semaines. Le second rendez-vous vétérinaire se fait peu de temps avant l'adoption, avec une séance d'ostéopathie tissulaire, durant laquelle, la plupart du temps, les petits s'endorment, ainsi qu'un nouveau bilan de santé permettant l'édition du certificat vétérinaire de bonne santé. Tout au long des manipulations vétérinaires, les petits sont récompensés par la vétérinaire à l'aide de friandises et pâtée très appétente, l'importance de travailler avec vétérinaire soignant en méthode bienveillante et positive est primordiale pour nous ! Si le chiot reste plus longtemps à l'élevage, il visitera le vétérinaire une fois supplémentaire pour le rappel de vaccin ainsi que la primo-vaccination pour la leptospirose. Un dernier vaccin restera à effectuer par le propriétaire (ou l'éleveur si le chiot reste assez longtemps pour cela), suivi d'un rappel à un an, puis d'un vaccin tous les trois ans pour les maladies de Carré, Hépatite de Rubarth et parvovirose, et tous les ans pour la leptospirose.
* La période d'imprégnation du chiot est la période plus ou moins étendue durant le jeune age où la curiosité du chiot dépasse ses craintes. C'est la période durant laquelle le chiot doit être confronté à divers éléments de l'environnement, et également celle à laquelle il apprend quelles seront ses espèces amies (humain, chat, poules, moutons etc...)
Passée cette période, il devient plus difficile d'habituer un chiot à de nouveaux éléments inquiétants, et le travail en est plus fastidieux.