L'alimentation des Loups d'Argoät
Une alimentation adaptée est l'un des éléments les plus importants à prendre en compte si l'on veut préserver et entretenir la santé de nos animaux de compagnie. Des aliments frais, en agriculture raisonnée ou biologique, de bonne qualité, adaptés aux besoins de l'organisme sont les meilleur garants de notre qualité de vie.
Le chien est un carnivore
On ne vous apprend rien, le chien est un animal carnivore opportuniste de la famille des canidés. Dans la nature, les proches parents du chien se nourrissent de proies chassées, de carcasses trouvées ou dérobées à un autre prédateur, et parfois de baies et d'herbes.
En famille, il est plus courant de voir le chien de la famille nourri d'aliments industriels secs ou humides, contenant un pourcentage de céréales ou de légumineuses riches en amidon essentiel à la tenue et à la texture de l'aliment. Il est généralement impossible de savoir la composition exacte de ces aliments, l'origine de la viande est inconnue, le pourcentage et la qualité de la viande en rapport aux céréales ou aux légumes est également mal indiqué et s'y retrouver est généralement un véritable casse tête. Ces aliments industriels, cela va bientôt faire une décennie que nous les avons délaissés pour nos carnivores au profit d'une alimentation naturelle adaptée et variée à base de viande crue, dite BARF.
La diète "BARF"
On nomme BARF (Biologically Appropriate Raw Food) l'alimentation constituée d'aliments crus biologiquement appropriés. La gamelle BARF se constitue de viande, d'os charnus adaptés à la taille de notre compagnon et d'abats. Pour le chien, on ajoute à la gamelle une portion de légumes finement mixés que l'on ne donnera pas au chat qui est un carnivore strict. On ajoute également à la gamelle différentes huiles, principalement d'origine animale, afin de complémenter la ration en Oméga-3.
Les ingrédients "BARF"
La gamelle BARF est constituée de :
Il est possible d'ajouter occasionnellement à la gamelle quelque compléments que l'on donnera par cures (spiruline, cynorhodon, acérola...) ou sur le long terme (extrait de moule verte, MSM, bouillon d'os...)
La viande
Il est important de varier les sources et les origines de la viande donnée, pour cela il est recommandé de donner au moins trois types de viandes différents sur la semaine, en faisant en sorte que la viande de boeuf ne constitue pas plus d'un tiers de la gamelle. Chez nous, les viandes principalement données sont le poulet, la pintade, le porc, le veau, l'agneau, le canard, le saumon, la sardine et le maquereau. Occasionnellement, nos animaux reçoivent également du boeuf, du mouton, de la dinde et d'autres types de volailles et de poissons, en fonction de ce que l'on trouve. Nous essayons au maximum de fournir des viandes d'animaux élevés en plein air, près de chez nous et abattus à proximité afin de favoriser le circuit court. Par choix éthique, nous ne donnons que de la viande d'origine française, et 80% à 95% de viande d'origine bretonne en fonction des arrivages.
Vous pouvez avoir un aperçu d'une semaine de repas à l'élevage en suivant ce lien
Toutes les viandes et poissons ont leur intérêt dans la gamelle, excepté la viande de sanglier chez lequel la maladie d'Aujeszky* n'est pas éliminée (on estime à 30% la population de sangliers contaminée par ce virus), ainsi que la viande de porcs élevés en plein air pour les mêmes raisons.
Le poisson
La chair du poisson est comptabilisée dans la ration de viande de la gamelle, tandis que le poisson entier vidé est comptabilisé dans la partie os charnu. Nous déduisons le poisson entier non vidé du total de la ration parce qu'il constitue une proie entière.
Le poisson représente environs un tiers de la ration totale, il est un élément essentiel pour apporter certains nutriments effesntiels, dont les oméga-3 et la
vitamine B12 font partie.
Nous donnons différentes espèces de poissons marins : maquereau, sardine, sprat, petit hareng, mais également de plus gros poissons comme du lieu, du saumon sauvage, du bar, du merlan, du thon...
Nous essayons de varier chaque jour le type de poisson donné afin d'apporter l'alimentation la plus variée possible.
Il est recommandé de congeler le poisson deux semaines avant de servir, afin d'éliminer les potentiels parasites qui pourraient se trouver dans la viande ou les abats de l'animal.
Les os charnus
Ce sont ces vilains là qui font, la plupart du temps très peur aux gens. Les idées reçues ont de beaux jours devant eux, les os sont considérés comme très dangereux pour les chiens, en raison d'accidents trop souvent rencontrés par les vétérinaires généralistes. Les os charnus sont pourtant un élément très important de la ration BARF, cette dernière ne peut être équilibrée dans son rapport phospho-calcique sans la présence d'os... alors comment donner des os à son chien sans prendre le risque d'un accident ?
La première des choses à faire, c'est de ne surtout pas passer directement votre chien au BARF, du jour au lendemain, sans transition. Pour la faire correctement, je vous invite à visiter le très complet site de BARF-ASSO
La seconde règle à respecter absolument, c'est d'éviter de donner des os inadaptés à votre animal : une côte de porc est trop dure et grosse pour un chat, nous évitons également les côtes de boeuf pour nos altdeutsche. Les os porteurs de gros animaux, tels que les épaules et pattes d'agneau, porc et animaux plus imposants sont suffisamment solides pour supporter le poids de l'animal à qui ils appartiennent, imaginez donc qu'ils sont également suffisamment solides pour poser des soucis à votre chien (dent cassée, gros élément ingéré).
La dernière règle, et la plus importante, c'est qu'il ne faut donner les os que charnus et jamais nus ! De même nous conseillons de ne pas casser les os au préalable afin que le chien prenne le temps de bien mâcher au lieu de gober tout rond. Le chien n'est pas un ruminant, la fonction de ses dents n'est pas de mâcher et d'écraser (ce qui est essentiel aux herbivores et omnivores afin de commencer à casser l'amidon) mais de déchirer, couper sommairement les morceaux et d'envoyer le reste du boulot à l'estomac.
Les os charnus le plus souvent présentés à nos chiens sont issus de poulets et pintades (souvent entiers), de lapins (tout le corps peut être donné également), de veau, d'agneau et de porc (ici, nous donnons principalement les côtes). Nous nous appliquons à donner une grande variété d'os aux fonctions et compositions différentes, c'est pourquoi nous préférons acheter les animaux entiers afin de les débiter en portions qui seront ajoutées à la ration. Sur la semaine, nos chiens ont ainsi reçu tous les types d'os (à moelle, à sang...) et une variété de nutriments.
Les abats
Constituant certainement la portion la plus riche en vitamines de la ration BARF, les abats doivent être donnés avec intelligence et dans les bonnes proportions. La moitié de la ration d'abats doit être musculaire (coeur, joue, langue, gésiers...), l'autre moitié, nous les appelons les abats "mous" (foie, reins, cervelle, ris, rate, thymus, pancréas...). Afin d'éviter une sur-vitaminose A, nous ne donnons pas de foie plus d'un jour sur deux.
Les poumons ne sont donnés qu'en friandise parce qu'ils ont peu d’intérêt nutritionnel. Tout comme pour les viandes, nous essayons de varier l'origine et le type d'abats donnés sur la semaine, en respectant néanmoins les proportions présentes dans l'animal (le foie est par exemple plus gros que la cervelle). Nous nous fournissons chez le boucher du village, lorsqu'il reçoit un animal entier, nous lui achetons tous les abats de l'animal afin de constituer les rations de plusieurs semaine.
Les légumes finement mixés
Le mix de légumes est, selon nous, la partie la plus appétissante et sympa à préparer. On peut mettre beaucoup de légumes et fruits différents, je vous recommande pour savoir lesquels de vous rapprocher encore une fois du site BARF-ASSO qui liste tous les légumes utilisables en BARF et leurs apports pour nos canidés. Notre portion se calcule sur cette base :
Nous ajoutons au mix de légumes des gousses d'ail frais, nous y mettons les graines des courges, les fanes de carottes et betteraves, des baies de cynorhodon pour l'apport en vitamine C, des baies de gogi et d'autres petits légumes et fruits. Il est également possible d'y ajouter des alicaments comme le curcuma, avec son huile et son poivre noir, et des compléments pour les cures (chardon marie ou spiruline notamment). Vous pouvez découvrir notre mix de légumes d'Été en suivant ce lien.
Je profite du mix de légumes pour rajouter du psyllium blond et les crustacés (coquille St Jacques, Moule, huîtres...) riches en minéraux rares.
Nous congelons les mix dans des moules à qui représentent 3/4 cuillères à soupe nécessaires à nos loulous de 33 à 37kg.
Les huiles et les oeufs
Nous avons à la maison un bel attirail d'huiles alimentaires pour nous et nos animaux. Sur la semaine, nous accompagnons les gamelles de nos carnivores d'huile de saumon, de krill ou de sardine, afin de leur apporter les oméga-3 qui manquent souvent à la ration de viande, et le week end nous varions d'une semaine à l'autre en ajoutant à la place d'une cuillère à café de saumon, une d'huile végétale.
Trois fois par semaine pour Nymëria (30kg), nous ajoutons un œuf entier à sa gamelle, les chats quant à eux consomment un œuf de caille deux à trois fois par semaine, ou un tiers d'oeuf de poule.
L'organisation et le coût du BARF
Le plus compliqué, avec le BARF, de prime abord, c'est l'organisation qu'il est nécessaire de mettre en place afin de perdre le moins de temps possible !
Le premier investissement et certainement le plus coûteux, mais qui vous fera rapidement faire de belles économies, est l'achat d'un grand congélateur. Dans celui ci, vous pourrez stocker et ranger vos arrivages de viande et vos bon plans : acheter en gros c'est très souvent moins cher !
Chacun s'organise de la manière qui lui semble la plus pratique. Pour notre part, nous congelons par portions la viande et les os charnus séparément, les abats sont congelés dans des moules à glaçons puis conservés dans de grands sacs congélation (un pour chaque type d'abat), nous en faisons de même pour le mix de légume et le bouillon d'os.
Le BARF est beaucoup plus cher au commencement qu'une fois toutes les introductions terminées, parce que l'on prend le coup de main, on trouve petit à petit de plus en plus de bons plans et les petites routines s'installent. En fonction des bons plans que l'on trouve autour de chez nous, nourrir notre Nymëria de 32 kilos au BARF nous revient à 60€ par mois, ce qui revient à 20€ moins cher qu'une alimentation aux croquettes de moyenne gamme dont nous tairons le nom mais qui fait sa renommée sur la noblesse des canidés sur Chi-Mai d'Enio Morricone...
Nous avons également vu nos visites chez le vétérinaire considérablement baisser pour nos chats depuis leur passage au BARF. Disparues les cystites régulières, les diarrhées malodorantes et les allergies alimentaires ainsi que le tartre et les problèmes de peau. Pour nous le BARF est devenu une telle évidence, et d'une telle praticité de par la possibilité d'adapter la composition de la gamelle en fonction de l'état de santé de notre animal, qu'il nous parait aujourd'hui totalement impensable et même très compliqué de passer à une alimentation industrielle.
Néanmoins, et parce que les adoptants de nos chiots ne pourront ou ne voudront pas tous passer par cette alimentation pour leur animal, et par respect pour leurs choix personnels, nous passerons aux croquettes de bonne qualité les chiots qui partiront pour compagnie au sein de familles préférant nourrir avec ce type d'alimentation deux semaines avant leur adoption, et un sac de ces croquettes sera fourni à la famille.
Pour les adoptants désireux de rester au BARF, le kit chiot sera constitué de petits compléments intéressants pour le bon développement du petit compagnon de vie qui viendra vous rejoindre.
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Sources et Liens
* La maladie d'Aujeszky (ou pseudo-rage) est une maladie infectieuse porcine d'origine virale, qui se caractérise par une encéphalomyélite rapidement mortelle pour le chien. La contamination se fait par l'ingestion de viande ou de viscères de porc ou de sanglier contaminé, la période d'incubation, assez courte, est de deux à six jours, suite à laquelle le chien présente des symptômes neurologiques de désorientation, d'abattement, de l'inquiétude ou une agressivité inexpliquée. La maladie conduit souvent le chien à des comportements de grattages intenses allant jusqu'à l'auto-mutilation, principalement localisé au niveau de la tête, et lié à l'intense douleur provoquée par l'encéphalomyélite. Comme pour la rage, la maladie évolue vers des troubles de la déglutition, une incapacité à déglutir, la paralysie partielle puis totale entraînant la mort. La maladie évolue ainsi sur 48 heures, sans possibilité de traitement.